Histoire à la con
Pour lui c’était un manque de respect. Pour moi c’était au contraire la preuve que je prends en compte ce qu’il me dit.
Franchement, c’est pas facile tous les jours. Parfois je me demande pourquoi l’homme de ma vie est si différent de moi. Pourquoi il n’a pas la même culture que moi. Tout aurait été tellement plus simple. Mais il faut croire que j’aime les situations compliquées.
On avait pourtant passé une bonne soirée. Je les avais tous rejoint, lui et quelques amis, au restaurant. Je sortais d’une réunion de travail, ils avaient presque fini de manger. Pour ne pas les retarder, je leur ai dit que j’avais déjà mangé et que je les accompagnerai pour le dessert.
Olivier m’a proposé une part de pizza. Au jambon. J’avais très faim mais d’un autre côté je savais que Chéri n’aimerait pas trop me voir manger du porc en sa présence. Je lui ai donc demandé son autorisation, je n’avais pas envie de passer pour la conne qui ne respecte rien en sa présence.
C’était anodin. Ca nous a coûté 3 heures d’engueulades. De 1h à 4h du matin. Il a dit que sur des choses comme ça on n’était pas capables de se comprendre. Qu’il allait arrêter de m’interdire des choses puisque je ne le faisais que parce qu’il me le demandait, pas par choix.
J’ai pleuré beaucoup. Je ne voyais pas le mal, puisque je lui avais demandé son autorisation. Justement. Il m’a dit que je l’avais mis dans une position où je le faisais passer pour un tyran. Je suis partie en vrille : c’est donc ce qu’il est s’il en a l’impression. Je fais des efforts pourtant. Il n’y a plus de porc à la maison, quand j’en mange, j’en mange en cachette. Parce que bon, quelque part, j’adore ça. Mais il voudrait que le fait d’arrêter de manger du porc vienne de moi, pas de lui.
J’ai commencé à lui demander ce qu’il faisait pour moi, puisqu’il me demandait de renier certaines parties de ma culture, de mon éducation. Que renie-t-il dans sa culture à lui ? Il m’a dit que si j’attendais un équilibre dans la balance, je n’étais pas l’homme qu’il me fallait. Et que d’ailleurs il ne savait pas si j’étais la femme qui lui fallait. J’étais à bout.
On avait parlé d’emménager ensemble. Ce weekend. Tout est remis en question à présent. Il dit qu’il ne sait pas s’il sera capable de supporter une vie de couple, que peut être il préfèrera rester célibataire. Il n’a jamais vécu avec personne, il dit qu’il n’est peut être pas fait pour ça. J’ai hurlé, lui disant que je lui avait demandé maintes fois de réfléchir à cela. Qu’il n’avait pas le droit de faire marche arrière. Pas maintenant. Je me suis assise pour me calmer. On a parlé de ses peurs, j’ai essayé de le rassurer.
J’étais prête à tout quitter pour lui. Maintenant je me rends compte que encore une fois, ça va peut être capoter. Parce qu’il ne sait pas si c’est ce qu’il veut, s’il est prêt.
Je l’ai pris dans mes bras. On s’est endormis mais je lui en veux. Je lui en veux de ne pas vouloir habiter avec moi pour m’avoir toute la journée à ses côtés. Je lui en veux de ne pas être heureux de cela. Je lui en veux de ne pas me donner une place plus importante dans sa vie.
Il ne comprend pas. Me dit qu’il fait tout pour moi, qu’il ne se fout pas de ma gueule. Qu’il ne supporte pas de me voir pleurer. Il me demande ce que j’attends, si je veux qu’on se fiance. Je réponds non, parce que je n’ai pas envie que cela se passe comme cela. Je ne sais plus où j’en suis. Il est complètement paumé. Je ne veux pas le perdre.